Tout aussi vitaminé, Argent Trop Cher affiche des muscles toujours aussi affûtés et dévoile la grande forme de ses acteurs, avant que La Bombe Humaine ne s'invite au programme.
Dans le contexte troublé actuel et en des lieux où le terrorisme a préalablement semé la mort, le titre des Insus prend une dimension supplémentaire, d'autant qu'Aubert l'introduit en référant au Bataclan et à ces barbares.
Comme pour mieux lui donner raison et défier ces agitateurs, la foule reprend à l'unisson l'hymne qui a bercé toute une jeunesse hexagonale. Le Stade de France n'a pas l'intention de voir quelqu'un prendre en main son destin et le chante haut et fort, il n'est plus qu'une seule et même voix qui gronde dans les travées.
Les Insus ne sont plus qu'un backing band et apprécient. Les yeux d'Aubert et de Bertignac sont mouillés, le gros plan sur leur sourire béat ne trompe pas. Kolinka, pour une fois, serai-je tenté de dire, en a les bras qui tombent ; le petit nouveau, lui, en prend plein les mirettes : Téléphone c'était quelque chose. Gros frissons dans la chambrée...
Autre classique d'hier, Au Coeur de la Nuit précède le ¼ d'heure Bertignac, celui par lequel il ouvre en rendant hommage à Johnny (66 heures), puis en enchaînant avec Cendrillon, un titre taillé sur mesure pour lui et par lui façonné. Il prend le chant à son compte, il a l'organe vocal qu'il faut et le vécu pour mettre en garde les jeunes que la vie n'est pas un conte de fées.
Comme pour mieux accompagner la mort de sa Cendrillon-Romy à lui, une pluie de paillettes se déverse au-dessus de la scène. Emportée par le souffle d'une nuit automnale avant l'heure, elle se mue en nuage flottant au-dessus de la pelouse. Si tu ne vas pas à la paillette, la paillette viendra à toi...
Flipper prolonge le moment de gloire de Berti. Au rythme de cette chanson XXL refermant l'album initial de Téléphone et portant sa patte, le groupe livre une des plus belles prestations de la soirée, la danse frénétique animant le parterre et les travées en étant l'indéniable démonstration.
Pour le coup, ça devient chaud patate, d'autant que le riffé Métro (c'est trop) maintient le spectacle dans des hautes strates sonores, éructé et emmené par son maître d'oeuvre et maître-chanteur. En voiture Simone, c'est Aubert qui conduit et ça défouraille !
Le Silence, excellente ballade blues tissée autour des grattes des Louisons de service, Ce Soir est ce Soir au profil identique, le grandiose Le Jour s'est Levé sont autant de prétextes pour les musiciens sexagénaires à souffler un peu, qu'à s'épancher, pour les profanes, sur la plume exceptionnelle du plus jeune des trois rescapés.
Pendant cet intermède plus soft, une appli préalablement téléchargée via son portable, aurait dû donner le départ d'une animation lumineuse. L'effet visuel escompté s'annonce plutôt inopérant. C'est le seul couac de la manifestation.
Si, en coulisses, ça bugue, sur scène, c'est loin d'être le cas et Dure Limite rappelle sa charge d'agressivité à qui pouvait l'avoir oublié, imitée en cela par un couillu Ce que Je Veux. C'est efficace : la preuve, les tribunes s'agitent et tremblent. Côté jardin, on en r'demande !
Et les Insus en donnent encore et toujours. Ils alimentent leur bouquet final de deux fleurons du catalogue, New York Avec Toi et Un autre Monde, avant de se retirer sous des salves hystériques d'applaudissements. Pas maint'nant, de grâce ! Revenez, merde ! C'est pas digne de Téléphone de raccrocher comme ça...
Comme prévu, le quatuor reprend du service suite à un premier rappel et engage la surmultipliée avec un groovy Electric Cité. Si les vieux grognards ont les traits tirés, Bertignac s'offre une belle fin de spectacle en signant quelques soli de derrière les fagots. Bert pousse son plaisir jusqu'à lancer un Whole Lotta Love en plein Ca (c'est Vraiment Toi) et à échanger sa guitare avec son complice de l'écriture.
Les projecteurs brillent alors de mille feux ; la communion est totale, le stade baigne dans la félicité. Tu Vas me Manquer clôt une soirée extraordinaire. Merci les gars de nous avoir fait vivre ce bonheur intense. Voilà, c'est fini. Hum, c'est fini. C'est bien fini : bip, bip, bip... Vous allez beaucoup nous manquer aussi ! (RAZOR©)
Merci à Estelle, Ekmo GL, Cyrille9973, Slayersultan, Fred92340, Flo riane, Didier G, Vax69, Seph et Laurent Larat pour leurs vidéos.