Ce disque entièrement acoustique sur lequel Peel n'a jamais cherché à influer, est d'une grande beauté.
Sous le charme, il ne laisse le soin à personne d'en faire la promotion et profite de sa plage horaire sur les ondes pour soutenir ardemment sa pouline, serinant ses auditeurs comme quoi Bridget est la meilleure chanteuse qu'il ait jamais entendue.
Une belle discographie.
Bridget St John enregistre un second disque pour Dandelion. Produit par Ron Geesin (collaborateur de Pink Floyd), il est publié en 1971.
Il obéit, une nouvelle fois, à la liberté totale promise à sa favorite lors de leur accord de partenariat. Ce choix permet à Bridget de grandir à son rythme et d'apprendre un peu plus.
Disque de folk pastorale sereine, aux compositions finement ciselées, Songs For The Gentle Man, enrichi des arrangements de cordes sublimes de Geesin, marque une avancée notoire dans le style de St John. Elle signe là son album le plus abouti.
La troisième levée discographique, Thank You For (1972), se place dans une veine identique à ses prédécesseurs et reste tout aussi agréable.
Chrysalis avant les States.
S'il est de nature plus complexe et ambitieuse, il n'en reste pas moins un disque qui émeut encore à défaut d'être une réussite commerciale.
La musique de Bridget n'étant pas très vendeuse, à l'instar des artistes que Dandelion a signés, la maison de disques connaît des ennuis financiers qui la contraignent à déposer le bilan en 1972.
Bridget rebondit chez Chrysalis (1974) pour lequel elle publie un excellent Jumble Queen.
D'obédience folk-rock, son N°4 est produit par Leo Lyons (Ten Years After) et bénéficie du soutien de quelques fines lames du moment comme l'américain Stephan Grossman, Chick Churchill (Ten Years After), Mike Giles (King Crimson), Bernie Marsden (Whitesnake) ou Beverley Martin, l'épouse de John.
Cet album est le dernier de son catalogue. Elle déménage aux États-Unis (Greenwich Village) à sa suite et s'éloigne progressivement du milieu de la musique, même si elle coopère encore à des projets d'artistes-amis comme Mike Oldfield (Ommadawn/1974 et Amarok/1975).
Des priorités ailleurs.
Jusqu'à la fin des 70's, on n'entend alors plus parler de Bridget que par intermittence, quand elle se produit dans les clubs de Manhattan (Bitter End, Kenny's Castaways, Bottom Line, The Cat Club), au Carnegie Hall (1978) ou quand elle est à l'affiche du Schaefer Music Festival de Central Park Central Park.
La musique qu'elle pratique n'étant plus en odeur de sainteté dans les 80's, Bridget prend du recul et se consacre à sa fille venue au monde en 1983.
Bien qu'elle se fasse plus rare, elle n'en délaisse pas moins la musique et assure encore quelques spectacles jusqu'à ce qu'elle soit relancée par un label britannique mineur qui lui propose d'enregistrer un LP de titres jusque là inédits.
Take The 5th vient alors enrichir sa discographie en 1995, plus de vingt ans après Jumble Queen. Il est encore très convaincant.
Bien que ses priorités soient désormais ailleurs, Bridget honore, en 2006, une tournée nippone avec la française Colleen, un spectacle new-yorkais avec les Electric Strawbs, l'année suivante, accompagne, en 2016, Michael Chapman sur son 50 Years On The Road Tour. Au regard de ses apparitions, elle n'a rien perdu de sa superbe (RAZOR©2022).