LP Studio unique - 1968

AUTOSALVAGE
AUTOSALVAGE – 1968 3,5/5
Publié en février 1968.
Produit par Bob Cullen.
Durée:34:39.
Label:RCA Victor.
Genre:rock psychédélique,acid rock,blues-rock.
Au bon moment, pas à la bonne place.
Un p'tit tour et puis s'en va. Le groupe de New York Autosalvage a eu un mandat dans le rock plutôt concis, à savoir entre 1966, quand il a débuté sous l'identité des Northern Lights, et l'été 1968, date à laquelle il a mis la clé sous le paillasson, avec le départ de Nick Turner pour la Californie.
Ce dernier est le membre le plus populaire d'Autosalvage, mais pas pour la trace qu'il a laissée comme musicien, plutôt pour son statut d'ingénieur, de concepteur et de fabricant d'instruments à cordes.
Cette facette de son talent fait que le luthier co-fondateur d'Alembic, imagine, élabore et répare les instruments du gratin de la scène musicale du moment mais aussi des générations suivantes et celle contemporaine.
Les Phil Lesh, John Paul-Jones, John McVie, Ry Cooder, Lowell George, Jackson Browne, Jesse Colin Young, David Crosby ou Lindsey Buckingham ont tous souscrit à l'expertise qu'avait Rick Turner (décédé en avril 2022) pour construire des guitares exceptionnelles.
Non content d'être un extraordinaire technicien de la guitare, l'homme est également partie prenante dans le fabuleux mur du son (Wall Sound) développé pour les concerts en public de Grateful Dead.
Si, côté musique, il a assisté Ian & Sylvia et gravité dans l'entourage des Youngbloods, sa présence au sein d'Autosalvage correspond à sa période new-yorkaise qui l'a vu se rapprocher de Thomas Danaher, un guitariste et chanteur de bluegrass, avec lequel il convainc la rythmique Skip Boone (basse) et Darius Davenport (batterie) de monter un projet qui, des Northern Lights aboutira à Autosalvage.
Le nom est soufflé par Frank Zappa pour lequel le groupe ouvre en 1967 au Ballroom Farm (1967), club du local Andy Warhol.
Frank aime bien la chanson Auto Salvage et suggère aux musiciens de changer leur identité au profit de cette dernière. Ce à quoi le groupe adhère.
Ancré dans un rock psychédélique plutôt tapageur comme il en existe beaucoup sur la scène de Frisco, Autosalvage détonne dans le concert musical new-yorkais, au point de ne pas trouver sa place et, plus grave, de ne pas être vendeur.
A Frisco, le quatuor aurait été très à son aise, selon les observateurs du rock qui recommandent aux musiciens d'aller s'y installer pour réussir. Seul Turner répondra à ces conseils ; sa carrière va alors changer du tout au tout...
Un album résume la puissance de ce collectif dissout dans la foulée. Il est éponyme et est réalisé chez RCA (mars 1968).
L'influence de Turner dans le choix de RCA semble avérée, le label étant celui de Jesse Colin Young et des Youngbloods dont Turner est très proche...
Le disque a été plutôt bien accueilli par la presse, mais les retombées se limitent à quelques contrats supplémentaires décrochés sur la place de Manhattan.
Le groupe ne jouera qu'une trentaine de concerts et c'est évidemment très insuffisant pour espérer mieux. Pourtant ce disque (9 titres) est bon mais il n'a pas touché la bonne cible.
Mélange de country (Hundred Years), de country-rock (Rampart Generalities), de blues-rock (Good Morning Blues), de psychédélique (Auto Salvage), de jug band, d'influences celtes (Ancestral Wants) et de garage (The Great Train Robbery), d'expérimentations techniques, RCA rencontre des difficultés à promouvoir cette matière hybride.
Visiblement le groupe n'était pas entre les mains expertes pour le défendre et pas au bon endroit pour percer ; un même travail sur la scène de la Baie aurait eu un écho différent qui aurait pu appeler un avenir autre.
Toujours intéressante, suscitant constamment l'attention, divertissante, la collection de titres ici proposée s'avère solide et s'apprécie au fil des écoutes (RAZOR©2022).
1. Auto Salvage.
2. Burglar Song.
3. Rampant Generalities.
4. Medley:Our Life as We Lived It/Good Morning Blues.
5. Ancestral Wants.
6. Hundred Days.
7. Land of Their Dreams.
8. Parahighway.
9. Medley :The Great Brain Robbery/Glimpses of the Next World's World.
Skip Boone:basse,piano.
Rick Turner:guitare,banjo.
Darius Davenport:chant,basse,claviers,percussion,batterie.
Thomas Danaher:chant,guitare.