La critique applaudit des deux mains ce premier opus d'humeur blues-rock, quand, dans le même temps, le public mort à l'hameçon. Mélange de blues et de R&B, il installe son auteur comme une des plus belles voix du genre.
Bien qu'élevée au niveau des Rod Stewart, Paul Rodgers, Joe Cocker, Terry Reid, sa performance sur Once In A Blue Moon ne booste pas les ventes. Elle appelle cependant à l'optimisme pour la suite de son parcours.
Une brillante discographie.
Sa trajectoire et son statut changent après ce magnifique disque. Un an plus tard est publié High Life, deuxième pan du catalogue pour lequel Allen Toussaint, une sommité dans la soul, s'implique sans retenue, allant même jusqu'à enregistrer le disque sur ses terres néo-orléanaises.
Ce dernier, s'il signe 7 des 13 titres de l'opus, officie comme producteur et a le bon goût de mettre en avant la voix de Miller. Résultat : un disque très réussi et chargé d'émotion qui fait de l'écossais un délicieux mélange de Paul Rodgers et d'Otis Redding.
The Rock, N°3 de la discographique, sort en septembre 1975 ; il est crédité au Frankie Miller Band qui réunit, outre Miller, le guitariste Henry McCullough (ex-Grease Band), Chris Stewart (basse), Stu Perry (batterie) et Mick Weaver (claviers).
The Rock a la particularité d'être enregistré à la prison d'Alcatraz et de faire appel à deux ensembles légendaires : les Memphis Horns, côté cuivres, et Edwin Hawkins Singers, côté chœurs.
L'objectif de Miller est ici de s'approcher au plus près du son de la Stax mais, faute d'une matière de la même teneur que ce qui précède, l'album rate un peu son coup.
Bien qu'encore crédible et cohérent, cet enregistrement est le moins intéressant de la tierce vinylique initiale, en dépit des succès d' A Fool In Love et Ain't Got No Money. Malgré leur bonne recevabilité, ils ne se traduisent pas pour autant par de bons scores dans les bacs.
Le diagnostic posé par Keith Reid (Procol Harum), nouveau manager de Miller, indique alors que son protégé doit accroître le nombre de ses apparitions publiques promotionnelles. Un programme de tournées un peu plus conséquent est mis en place et décision est prise de faire du prochain album, un LP live.
Tout est organisé en ce sens et le Roundhouse londonien est réservé pour servir de cadre à ces enregistrements mais des problèmes techniques font achopper le projet de live.
Full House (juin 1977), avec Clive Davis aux consoles et un nouveau groupe de soutien (dissout avant la fin de l'année en cours), s'inscrit alors comme le quatrième volet studio de Miller.
Mélange d'originaux et de reprises (Jealous Guy de Lennon notamment), il est plus funky que ses devanciers. Dans ce lot de qualité, l'intro Be Good To Yourself se démarque plus particulièrement.
L'effet Darlin'.
A l'appel de Double Trouble (1978), enregistré entre Londres (studios AIR) et New York (Studios Plant Records), Frankie Miller bat le rappel des troupes pour reconstituer un groupe.
Le batteur de Procol Harum BJ Wilson, les guitaristes Ray Russell (Mouse) et Ian Gomm (Brinsley Schwarz), le claviériste et chanteur Paul Carrack (Roxy Music, Roger Waters, Squeeze), le bassiste Chris Stewart (Spooky Tooth) une section de cuivres (Chris Mercer et Martin Drower) accèdent à sa proposition.
Steven Tyler (Aerosmith), qui retrouve ici son producteur Jack Douglas, pointe également parmi les choristes de ce disque encore une fois très bon, mais qui peine toujours commercialement parlant.
Chrysalis continue à croire en Frankie Miller et ne le lâche pas, persuadé que l'artiste n'est pas loin de décrocher le pompon.
Darlin' tombe alors qui propulse l'écossais dans le top 10 britannique (N°6) en octobre 78 ; When I'm Away From You, le single suivant, fait top 50 (N°42). Le nom de Frankie Miller devient enfin familier auprès du public.
Caledonia, dernier coup d'éclat.
L'album Falling In Love (1979) profite de la popularité de ces deux pièces mais bénéficie surtout d'un lot de chansons encore très pertinent, dont A Woman To Love et Papa Don't Know sont les symboles.
Après être parti sur les routes défendre son album et ses succès (avec un nouveau line-up), Miller estime qu'il lui faut passer à autre chose alors que la décennie se referme.
Le théâtre et le cinéma comme acteur, la B.O de film (Rules Of Game), Nashville et les meilleurs musiciens du Tennessee pour les besoins d'Easy Money (juillet 1980), son N°7, jalonnent son début des eighties.
Deux autres albums alimentent cette nouvelle décennie : Standing On The Edge (Capitol/1982) et Dancing In The Rain (1986) qui s'avère être son dernier album studio avant son grave anévrisme cérébral.
Caledonia (N°45/1992), extrait d'une publicité pour une bière écossaise, est le dernier coup d'éclat d'une carrière qui n'en manque pas. Écouter sa musique, c'est le minimum que l'on puisse faire pour lui (RAZOR©2022).