Les 60's comme tremplin.
Ces trois singles ne se vendant pas très bien, il revient à Bâton-Rouge (1959) où il entame une tournée en solo au cours de laquelle il croise la route du comédien et chanteur tennesséen Brother Dave Gardner.
Ce dernier lui présente la veuve de Hank Williams qui l'invite à Nashville pour le mettre en relation avec Phil Everly (The Everly Brothers) et le jeune compositeur Roger Dean Miller. Il a également l'honneur de faire la connaissance de Carl Perkins et Sam Phillips.
Grâce à ces contacts, il obtient un engagement en qualité de joueur de démos et d'arrangeur mais enregistre aussi deux nouveaux singles, Everyday/Darling Talk To Me et The Customary Thing/Answer Me My Love, publiés par Cub Records, la filiale R & B de MGM (1958/59). Bien que gagnant 25 dollars par démo, il commence à se lasser de ne pas connaître le succès et à douter de lui.
Les 60's vont lui faire revoir sa copie. La décennie qui s'annonce sera bien meilleure pour Rivers. Si la première moitié des années 60 ne lui permet toujours pas de goûter au succès, elle lui offre certaines opportunités décisives pour la suite de sa carrière : une présence à la Louisiana Hayride, spectacle radio-télévisé de country, la rencontre de James Burton, le guitariste de Ricky Nelson, lequel recommande une de ses chansons (I'll Make Believe) à son boss qui l'enregistre, puis celle de Nick Venet qui le rapproche de Capitol, un déménagement à Los Angeles (1961) là où tout se passe alors pour évoluer comme auteur-compositeur, musicien de sessions et, accessoirement comme producteur.
L'aubaine du Whisky A-Go-Go.
Son retour à la scène se fait en 1963. Par accident. Client régulier du restaurant-club italien de Bill Gazzari sur le boulevard de La Cienega, Rivers remplace au pied levé le trio de jazz résident démissionnaire.
Avec le batteur Eddie Rubin, il joue tous les hits qui lui passe par la tête ou qu'on lui réclame. Et ça plaît au public, au point que Gazzari lui propose de prolonger son contrat.
A quelques encablures de là, Trini Lopez est l'artiste-maison du PJ's. Le club est en proie à des difficultés financières. Un consortium de Chicago à la tête duquel se trouve Elmer Valentine, le futur propriétaire des lieux, a pour projet de reprendre la discothèque, de la transformer et surtout de débaucher Rivers.
Le 15 janvier 1964, Johnny Rivers, accompagné d'Eddie Rubin et de Joe Osborn, ouvre le nouveau Whisky A Go-Go, le club à la mode de Sunset Strip. Le trio devient si populaire qu'il y enregistre un premier LP, en 1964 : Johnny Rivers At The Whisky A Go-Go.
La formule est un succès immédiat, aussi le trio récidive et publie dans la foulée Here We Go-Go Again (1964) et Meanwhile (Back At The Whisky A Go-Go) en 1965.
Articulés autour de reprises (Chuck Berry, Lloyd Price, Bobby Darin, Rufus Thomas, Percy Sledge, les Beatles), les albums connaissent la même réussite que leur prédécesseur. Deux des titres entrent dans les charts, à savoir Memphis (N°2) et Maybelline (N°12) repris à Chuck Berry.
Parallèlement aux enregistrements live (...And I Know You Wanna Dance/66,Whisky A Go-Go Revisited/67, Live At The Whisky A Go-Go/67) qui font sa notoriété, Johnny Rivers publie chez Immediate, durant la 2ème partie des 60's, des LP studio avec ses propres titres ou spécifiquement écrites pour lui : In Action et Johnny Rivers Rocks The Folk (1965), Changes (1967), l'excellent Rewind (1967) et Realization (68).
L'épique John Lee Hooker.
Il rencontre alors le succès avec Secret Agent Man, N°3 en avril 1966 et, surtout avec Poor Side Of Town, N° 1 à la fin de la même année.
Dès 1966, Rivers fonde un label, Soul City Records dont les acteurs les plus notables sont les artistes soul The 5th Dimension (Aquarius) et Al Wilson ainsi que Johnny Rivers lui-même. La maison de disques a été cédée en 1970 à Bell Records. Rivers l'a réactivée depuis (1988) pour son propre compte.
Après une accalmie dans les charts et un investissement prononcé dans sa société d'éditions, Johnny Rivers fait un retour remarqué dans les hits-parades grâce à son épique John Lee Hooker (1970) qu'il étire au-delà du ¼ d'heure. Le titre cartonne dans les discos françaises.
Si sa production discographique se fait plus clairsemée au cours des 70's pour devenir famélique dans les décennies suivantes, il n'en complète pas moins son catalogue personnel d'une vingtaine de LP (studio et live), hors compilations et Best Of.
Le 12 juin 2009, il est intronisé au Rock And Roll Hall Of Fame de Louisiane. Pour un artiste dit de reprises, c'est plutôt pas mal, non ? (RAZOR©2019)